Dominique De Mees est coordinatrice « Chine » à Amnesty International. Elle accompagne des demandeurs d’asile tibétains depuis près de 10 ans. Elle connaît les difficultés que les membres de cette communauté rencontrent durant leur procédure d’asile.
Il existe en Belgique une communauté importante de Tibétains. Quel est le parcours de ceux qui viennent demander l’asile en Belgique?
L’exil de Tibétains vers la Belgique est un phénomène assez récent qui a commencé en 2001. Parmi eux, il y a ceux qui se réfugient à Katmandou. Là, ils sont enregistrés dans un lieu d’accueil qui leur est dédié, où leur communauté est organisée et où ils peuvent recevoir une éducation. La communauté tibétaine en exil à Katmandou y est installée depuis des décennies. D’autres fuient le Tibet et se dirigent vers l’Inde. Beaucoup d’entre eux sont finalement nés en Inde et leur histoire est différente de celle des Tibétains nés au Tibet. Cette distinction est importante car elle est aussi faite, en Belgique, par les instances d’asile. Lorsqu’en 2001, on a eu des demandes d’asile de Tibétains en Belgique, ceux qui avaient un long vécu en Inde s’en tiraient mieux dans la procédure que ceux qui venaient de débarquer du Tibet. En Inde, ils avaient reçu une éducation assez poussée, ils parlaient anglais et s’en sortaient mieux avec notre système d’asile. Tandis que ceux qui sont nés au Tibet sont souvent des moines nomades sans beaucoup d’instruction. Ils ne parlent que le tibétain et ont vécu « sous cloche » toute leur vie, coupés du monde. Devant les instances d’asile, ils se sentent obligés de mentir, parfois sous influence, car ils croient que ça peut les aider dans leur procédure. Dès lors, ils doivent donc faire face à de nombreux refus. Mais le Commissariat général aux réfugiés et apatrides (CGRA) leur laisse désormais l’opportunité de réintroduire une demande d’asile alors que les Tibétains d’Inde, eux, reçoivent beaucoup de décisions négatives.
Tibet
Capitale : Lhassa
Langues : Geman Deng, Groma, Tibétain
Population : 5 020 000 Tibétains, 1 470 000 Hans
Superficie : 2 500 000 km2
Statut : Entités autonomes tibétaines de la République populaire de Chine
En 1950, l’Armée populaire de libération (APL) entre dans la région tibétaine orientale de Chamdo pour envahir le Tibet. Le 23 mai 1951, des représentants du Dalaï-lama signent à Pékin l’Accord en 17 points sur la libération pacifique du Tibet, sous la menace d’une poursuite de l’avancée de l’APL. En 1959, Lhassa est en état insurrectionnel, le Dalaï-lama fuit le Tibet pour se réfugier en Inde. Il sera suivi d’environ 100 000 Tibétains. Cette révolte armée fut sévèrement réprimée par les autorités chinoises faisant de nombreuses victimes. À partir de 1959, juste après avoir réprimé ce qu’il qualifie de révolte de l’ancienne classe privilégiée de l’ancien Tibet, le gouvernement communiste met en place au Tibet une série de réformes, notamment et selon ce même gouvernement, l’abolition du servage. Selon Amnesty International, depuis 1987, plus de 214 tentatives de manifestations pour l’indépendance ont été réprimées et les manifestants arrêtés expédiés dans des camps de travail. Tous ont été condamnés à des peines allant de 3 à 20 ans de prison. En mars 2008, des manifestations de moines contre le pouvoir chinois à Lhassa dégénèrent en violentes émeutes dirigées contre les habitants non tibétains et leurs biens. Elles surviennent quelques mois avant les Jeux olympiques d’été de 2008.